Violation de la DSA ? La Commission européenne prend à nouveau des mesures contre TikTok

La Commission européenne enquête à nouveau sur TikTok.
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Le 15 mai 2025, la Commission européenne a officiellement informé TikTok que la plateforme pourrait enfreindre des obligations centrales de la loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA). En ligne de mire, le "référentiel publicitaire". Il s'agit d'une base de données que TikTok doit mettre à disposition afin de fournir des informations transparentes sur les publicités. Publicité sur la plateforme.

L'UE enquête sur le référentiel publicitaire de TikTok

Un tel référentiel joue un rôle central dans la protection du public numérique. Il permet aux chercheurs, aux autorités de surveillance et à la société civile d'analyser systématiquement les contenus publicitaires et d'identifier les campagnes ciblées qui visent par exemple à exercer une influence politique, à désinformer ou à cibler des groupes vulnérables. Ceci est particulièrement important dans le contexte des élections, des menaces hybrides ou des opérations de manipulation de l'information.

Le Digital Services Act (DSA) oblige les très grandes plateformes en ligne (appelées VLOP) comme TikTok à mettre à disposition un référentiel publicitaire transparent et librement accessible. Ce référentiel doit être conçu de manière à permettre une recherche et une analyse complètes. Il ne doit pas seulement documenter quelles annonces ont été diffusées, mais aussi les présenter en détail,

  • le contenu concret de chaque annonce,
  • qui a financé l'annonce (nom du payeur),
  • quels groupes cibles devraient être visés,
  • sur quelle période et avec quelle portée l'annonce a été diffusée.


Ce n'est qu'en fournissant ces informations sous une forme structurée, lisible par machine et accessible que l'on pourra Transparence dans le système de publicité numérique soit effectivement garantie.

Quels sont les griefs de la Commission européenne à l'encontre de TikTok ?

Dans le cadre de son enquête, la Commission européenne a constaté plusieurs manquements graves concernant le référentiel publicitaire de TikTok. De son point de vue, celles-ci enfreignent les exigences du Digital Services Act (DSA). Ces constatations se basent sur une analyse approfondie comprenant des documents internes de TikTok, des tests pratiques des fonctionnalités du référentiel ainsi que des entretiens avec des experts indépendants.

Le point central de la critique est que TikTok ne respecte pas son obligation de fournir des informations transparentes et complètes sur les jeux diffusés. Publicité n'est pas suffisamment respectée. Ainsi, des informations essentielles telles que le contenu exact de l'annonce, le ciblage, la date de publication et l'identité de la partie payante manquent souvent dans le référentiel. Or, conformément à l'article 39 de la DSA, ces informations sont absolument nécessaires pour permettre la traçabilité et le contrôle de la publicité en ligne.

En outre, la Commission déplore que la convivialité et la fonctionnalité du référentiel soient considérablement limitées. L'outil ne permet pas une recherche complète et efficace des publicités stockées. Les possibilités de filtrage sont également insuffisantes, ce qui empêche une évaluation systématique par Troisième - comme la science, les médias ou la société civile. Cela nuit au bon fonctionnement des référentiels en tant qu'instrument central de la recherche numérique. Transparence.

Enfin, la mise en œuvre technique serait également déficiente. Selon la Commission, les outils de la plate-forme qui permettent de mettre à disposition les données dans le référentiel ne sont pas à jour. État de la technique et parfois difficilement accessibles. Cela va à l'encontre de l'exigence selon laquelle de tels systèmes doivent être lisibles par une machine, fiables et utilisables de manière ouverte.

Du point de vue de la commission, il est donc clair que le référentiel actuel de TikTok ne répond pas aux exigences de la DSA, ni sur le plan formel ni sur le plan pratique. Les lacunes ne sont pas seulement de nature technique, mais mettent également en danger les objectifs supérieurs de la loi, notamment Intégrité de la communication publique et la protection contre les influences manipulatrices dans l'espace numérique.

Voici la suite de la procédure TikTok

Dans la suite de la procédure, TikTok a d'abord la possibilité d'exposer son point de vue et de faire usage de son droit d'être entendu. Concrètement, cela signifie que l'entreprise peut consulter le dossier d'enquête complet de la Commission européenne. Celui-ci contient tous les documents, évaluations et preuves pertinents sur lesquels la Commission s'est basée pour établir ses conclusions provisoires. En outre, TikTok peut prendre position par écrit dans un délai fixé et présenter ses propres arguments, clarifications ou contre-preuves. Cette procédure est conforme aux garanties procédurales inscrites dans le DSA, qui visent à assurer une procédure administrative équitable et transparente.

Parallèlement à ce processus de défense, le Conseil européen des services numériques (European Board for Digital Services) est consulté. Cet organe est composé de représentants des autorités nationales de surveillance compétentes des États membres de l'UE et assiste la Commission, notamment par des évaluations et des recommandations techniques. L'implication du panel vise à harmoniser les pratiques d'application et à garantir une application uniforme du DSA dans l'ensemble de l'UE.

Si TikTok ne parvient pas à réfuter les accusations et si la Commission maintient son évaluation à l'issue de la procédure, l'entreprise s'expose à des sanctions importantes. Il s'agit notamment de l'imposition d'une amende pouvant atteindre 6 % du chiffre d'affaires annuel mondial. Cette mesure est autorisée par l'article 74 de la DSA et doit servir d'instrument de dissuasion efficace. En outre, la Commission peut ordonner une période de surveillance étendue. Au cours de cette période, TikTok doit présenter des rapports réguliers sur les progrès réalisés et démontrer qu'il a été effectivement remédié aux déficits dénoncés. Enfin, le DSA prévoit également la possibilité d'imposer des "astreintes". Celles-ci visent à inciter les plateformes à respecter leurs obligations en cas de non-respect persistant ou répété.

TikTok sous surveillance accrue dans l'UE

L'évolution actuelle n'est pas un cas isolé, mais s'inscrit dans une série de mesures réglementaires prises par la Commission européenne à l'encontre de TikTok. En février 2024, la Commission avait déjà ouvert une procédure formelle portant sur une série d'infractions potentielles au Digital Services Act (DSA). En plus de la transparence publicitaire qui est maintenant au centre de l'attention, la Commission a également examiné d'autres domaines de problèmes structurels au sein de la plateforme.

La conception des systèmes algorithmiques de TikTok a fait l'objet d'une critique centrale. Ceux-ci sont soupçonnés de générer des effets dits de "trou de lapin". On entend par là le phénomène selon lequel les utilisateurs sont de plus en plus conduits dans des bulles d'information unilatérales ou extrêmes par des contenus algorithmiques curatés. En particulier chez les jeunes groupes d'utilisateurs, cela peut renforcer le risque de modèles d'utilisation dépendants du comportement ainsi que la diffusion de contenus extrémistes ou manipulateurs.

L'efficacité des mesures de protection des personnes âgées mises en œuvre par TikTok est également sous surveillance. La Commission a exprimé des doutes quant à la capacité de la plateforme à distinguer de manière fiable les utilisateurs mineurs des utilisateurs majeurs et à leur fournir des contenus adaptés à leur âge. Cela soulève la question du respect du droit à la protection des mineurs, qui est une préoccupation centrale du DSA.

L'accès aux données des plateformes pour la recherche indépendante constitue un autre point fort de l'enquête. Conformément aux exigences de transparence du DSA, les très grandes plateformes en ligne sont tenues d'accorder aux chercheurs accrédités l'accès à certaines données si celles-ci sont nécessaires à l'analyse des risques systémiques. TikTok est soupçonné de ne fournir cet accès que de manière limitée, voire pas du tout.

A cela s'ajoute une autre procédure lancée par la Commission en décembre 2024. Celle-ci se concentre sur le Gestion des risques en ce qui concerne les processus démocratiques, notamment les élections, ainsi que la protection du discours de la société civile. Là encore, la Commission examine si TikTok a pris des mesures suffisantes pour empêcher efficacement la manipulation, la désinformation ou toute autre forme d'influence sur les élections.

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L'UE demande des comptes aux opérateurs de plateformes

L'affaire TikTok montre que le Digital Services Act (DSA) passe désormais à la phase d'application concrète et de mise en œuvre. La Commission européenne utilise ses compétences nouvellement acquises pour mettre en évidence les faiblesses systémiques des plateformes numériques et demander des comptes à leurs exploitants. Il convient de souligner que l'approche réglementaire de la DSA ne se limite pas aux questions classiques de protection des données, mais va bien au-delà. Ainsi, les Transparence Les pratiques publicitaires, la protection des processus démocratiques et la traçabilité des systèmes algorithmiques font partie intégrante de l'examen prudentiel.

Les exploitants de plateformes doivent se préparer au fait que les directives formelles seules ne suffisent plus. Il faut des instruments de mise en œuvre techniquement fonctionnels, accessibles au public et conçus de manière conviviale, qui répondent également aux exigences légales dans la pratique. Les référentiels qui ne contiennent que des informations incomplètes ou inaccessibles peuvent servir de Violation même si elles sont techniquement présentes.

Les entreprises devraient adapter leurs structures de conformité internes, mettre en place de nouveaux processus de contrôle et évaluer régulièrement si leurs systèmes répondent aux attentes des autorités de surveillance. Cela implique également de ne pas considérer la collaboration avec la recherche et la société civile comme un risque, mais comme une exigence nécessaire pour une gestion responsable de la plateforme.

Dans la pratique, il faut donc non seulement une expertise juridique, mais aussi un savoir-faire interdisciplinaire pour répondre aux exigences réglementaires par des solutions technologiques. Avec la DSA, la norme en matière de responsabilité numérique a été considérablement relevée en Europe. Les entreprises seraient bien avisées de gérer activement ce changement, plutôt que de réagir seulement en cas de contestation.

Source : Communication de la Commission européenne concernant l'infraction TikTok du 15.05.2025

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