Noël est à nos portes et les premiers marchés de Noël ont déjà ouvert leurs portes. Cette année, les exploitants et les forains exigent des mesures de sécurité particulières, notamment une surveillance vidéo de leurs marchés limitée dans le temps. Une surveillance vidéo généralisée des marchés de Noël sans motif n'est toutefois pas autorisée - c'est ce que rappelle le responsable de la protection des données du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
"De simples suppositions ne suffisent pas pour la surveillance".
"Le besoin de sécurité de nombreuses personnes est compréhensible. Mais de nombreux visiteurs souhaitent également pouvoir se promener sur les marchés librement et sans être observés. La vidéosurveillance doit donc être bien pesée. La question de savoir si elle est autorisée ou non dépend en grande partie de l'existence d'indices de danger", explique Bettina Gayk, commissaire à la protection des données du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Selon Gayk, la police ou les forces de l'ordre sont habilitées à contrôler les marchés de Noël par vidéo. Toutefois, des faits doivent justifier la présomption que des délits ou des infractions sont commis sur les marchés.
Certes, de tels rassemblements de personnes offrent toujours des occasions de vols à la tire, voire d'attentats terroristes mettant en danger la vie des personnes. "Mais de simples suppositions que cela pourrait arriver ne suffisent pas à justifier, par une surveillance à grande échelle, une restriction considérable des droits fondamentaux d'un grand nombre de personnes", souligne la commissaire à la protection des données.
La situation de danger est déterminante pour la vidéosurveillance
C'est pourquoi il est particulièrement important d'évaluer s'il existe une situation de danger suffisante. "Il faut soit des connaissances acquises lors de manifestations précédentes qui indiquent une probabilité accrue que des actes criminels soient commis lors de la manifestation actuelle", explique Gayk. "Ou bien il existe une situation de menace concrète, par exemple parce qu'un attentat a déjà été annoncé".
Par ses déclarations, la préposée réagit également au président de l'Union des forains, Albert Ritter, qui a récemment demandé une surveillance vidéo et des contrôles d'accès sur les marchés de Noël. Selon Ritter, la protection des données ne doit pas être un paravent pour les délinquants.
Malgré toutes les préoccupations légitimes pour la sécurité des citoyens, de telles déclarations cachent une vision erronée de la protection des données, avertit Gayk. "La protection des données doit au contraire garantir que les droits à la liberté soient soigneusement mis en balance avec les intérêts de la sécurité. La situation de risque de certains marchés de Noël attrayants dans les grandes villes est souvent très différente de celle des manifestations quotidiennes tranquilles à la campagne. Les visiteurs ne doivent pas partout accepter d'être observés lorsqu'ils consomment du vin chaud ou discutent avec leurs amis".
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Base juridique pour la vidéosurveillance sur les marchés de Noël
Le traitement de données à caractère personnel (comme les enregistrements vidéo de personnes) n'est autorisé que s'il existe une base juridique. Dans le cas de la vidéosurveillance, l'article 6, paragraphe 1, point f) du RGPD est souvent invoqué, qui exige un "intérêt légitime".
En Allemagne, l'article 4 de la BDSG complète les dispositions du RGPD et réglemente spécifiquement la vidéosurveillance des lieux accessibles au public. Selon cette disposition, la surveillance est autorisée si elle est nécessaire pour
- faire respecter le droit d'accès,
- préserver des intérêts légitimes tels que la prévention des risques ou la prévention des infractions,
- ou s'il existe d'autres raisons sérieuses qui ne prévalent pas sur les droits des personnes surveillées.
La vidéosurveillance doit donc être justifiée par une situation de menace concrète ou des raisons liées à la sécurité (par exemple, alertes terroristes, incidents antérieurs de vol ou de violence).
Il convient également d'examiner si la surveillance est appropriée et si des moyens moins contraignants, tels que davantage de forces de sécurité sur place, seraient suffisants. La surveillance doit également être signalée de manière claire et visible par des panneaux (article 13 du RGPD).
De même, les enregistrements ne peuvent être utilisés qu'aux fins pour lesquelles ils ont été collectés (par exemple pour prévenir un danger) et pas au-delà.
Conclusion : La vidéosurveillance des marchés de Noël est autorisée si elle est justifiée par un intérêt légitime, comme la sécurité des visiteurs, et si les exigences légales sont respectées. Les exploitants et les autorités doivent examiner soigneusement si la surveillance est nécessaire et proportionnée.
Source : Communiqué de la commissaire à la protection des données du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie