Le traitement des données à caractère personnel est tiraillé entre les progrès technologiques et les exigences strictes en matière de protection des données. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) exige la protection des droits individuels, mais permet également des approches innovantes grâce à l'anonymisation. La Fondation pour la protection des données a publié un guide pratique sur l'anonymisation qui offre une base solide pour anonymiser les données personnelles de manière sûre et conforme à la loi.
Définition et importance de l'anonymisation
L'anonymisation désigne la transformation de données à caractère personnel en une forme qui ne permet plus de tirer des conclusions sur une personne identifiable. Ce qui est déterminant, c'est qu'après l'anonymisation, les données ne sont plus soumises au champ d'application du RGPD.
L'anonymisation est souvent utilisée pour pouvoir utiliser les données à des fins de recherche, d'analyse de marché ou de test de logiciels sans enfreindre les droits de protection des données.
La distinction avec la pseudonymisation est essentielle, car les données pseudonymisées sont toujours considérées comme des données à caractère personnel et relèvent du RGPD.
Exigences pour une anonymisation efficace
Le RGPD n'exige pas de méthode spécifique pour l'anonymisation, mais définit les exigences de manière indirecte. L'essentiel est que les données ne puissent pas être attribuées à une personne par le responsable du traitement ou par des tiers avec un effort proportionné. Des facteurs tels que les coûts, les possibilités technologiques et la probabilité de ré-identification jouent ici un rôle central.
Obligations de contrôle :
- Un responsable doit pouvoir démontrer que l'anonymisation est pratiquement irréversible.
- Les caractéristiques d'identification indirecte telles que le sexe, la date de naissance ou le code postal doivent être soigneusement examinées afin d'exclure toute possibilité de déduction.
Méthodes d'anonymisation
Le guide décrit plusieurs méthodes qui peuvent être adaptées aux besoins spécifiques :
- Randomisation : Les données sont altérées par des modifications aléatoires des valeurs afin d'empêcher toute déduction.
- Généralisation : Les valeurs sont converties en catégories plus larges, par exemple l'agrégation des données sur l'âge en groupes d'âge.
- Confidentialité différentielle : Les biais liés à l'utilisation protègent les points de données individuels dans les ensembles de données agrégés.
- Données synthétiques : Données générées artificiellement qui ressemblent statistiquement à des données réelles, mais qui n'ont aucun lien avec des personnes.
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Les défis juridiques de l'anonymisation
Opération de traitement dans le cadre du RGPD
L'anonymisation elle-même est considérée comme un traitement de données à caractère personnel et est soumise aux exigences du RGPD, y compris une base juridique. Ce n'est qu'une fois l'anonymisation terminée que les règles de protection des données ne s'appliquent plus aux données anonymisées.
Risques de ré-identification
Il convient d'accorder une attention particulière à la possibilité que des données anonymisées deviennent à nouveau identifiables par des informations externes. L'utilisation d'un "modèle de l'attaquant" pour l'analyse des risques est essentielle à cet égard.
Intégration de tiers
Les tiers, tels que les sous-traitants, qui effectuent des anonymisations doivent respecter des règles contractuelles strictes afin de garantir la sécurité des données et l'indépendance du processus d'anonymisation.
Possibilités d'utilisation et exemples
Le guide décrit quatre classes centrales d'intervention :
- Anonymisation comme suppression : le remplacement de l'effacement des données à caractère personnel par leur anonymisation, par exemple pour les données de candidature à l'issue d'une procédure de sélection.
- Transmission de données anonymisées : Des exemples de benchmarks salariaux ou de données de vente sont décrits, qui peuvent être transmis en toute sécurité juridique après avoir été anonymisés.
- Anonymisation dans la formation des algorithmes : Des techniques telles que l'apprentissage fédéré permettent d'utiliser les données sans qu'elles soient centralisées ou dépersonnalisées.
- Anonymisation pour les tests de logiciels : Les données synthétiques garantissent que les tests peuvent être effectués sans accès à de véritables données personnelles.
L'anonymisation offre aux entreprises et aux institutions la possibilité d'utiliser les données de manière efficace et juridiquement sûre. Le guide pratique de la Fondation pour la protection des données montre qu'il ne s'agit pas seulement d'un défi technique, mais aussi d'un défi juridique et organisationnel. Les responsables doivent non seulement planifier et mettre en œuvre avec soin les processus d'anonymisation, mais aussi être en mesure de prouver que les mesures prises répondent aux exigences élevées du RGPD.
La séparation claire entre anonymisation et pseudonymisation est ici décisive pour minimiser les risques juridiques tout en exploitant pleinement le potentiel des données.
Source : Guide pratique sur l'anonymisation des données à caractère personnel